samedi 22 septembre 2012

A vida no Lobito


À la fin du mois d'août je foulais pour la première fois le sol angolais. 
Nous faisions une arrivée fracassante à Lobito à bord d'un jet privé et en compagnie du chef d'états majors des forces armées du pays, grand ami de M. Rui ; c'est dans ces turbulentes circonstances je découvrais la ville qui a vu naitre et grandir les parents de Ricardo.

La première chose que je vis fut les bidonvilles, étendus sur des dizaine de kilomètres, fais de petites maisons de terre grises amoncelées les unes sur les autres, suivent le dénivellement des montagnes entourant la ville.


Ce qui me frappa fut l'intensité de vie qui se dégageait de cette misère apparente. Des cyclomoteurs par centaine se faufilant partout, la cacophonie des klaxons et des éclats de voix, la profusion de couleurs des habits des femmes et des fruits et légumes qu'elles vendaient sur le bord de la route...





Quelques rues plus loin, le décor changeait subitement du tout au tout. De vrais trottoirs, du bitume sur la route, des statues, des fleurs sur les ronds-points et surtout de superbes villas donnant sur l'océan bordé de palmiers. Un paysage de carte postale.
J'apprendrais plus tard que Lobito est en quelque sorte la Cote d'azur de l'Angola, qui doit son surnom de "sala de visita de Angola" à la beauté de ses plages et de ses anciens quartiers coloniaux. Elle serait, selon les angolais que j'ai rencontré, la ville la plus agréable du pays. Je suis quand même un peu veinarde, alors !







Parmi d'autres, je repense à cet endroit superbe, une route entre les montagnes ocres entourée d'une végétation luxuriante. Partout des bananiers, des cannes à sucre et des baobabs suivent le cours d'un fleuve qui serait parait-il, infesté de crocodiles. Je n'y ai vu que des flamands roses, emblèmes de la ville. Et devant leurs cabanes recouvertes de boubous, des gens qui semblent heureux de te voir passer et des enfants qui éclatent de rire si tu leur fait signe de la main. 





Je me suis fait la réflexion que c'était un peu l'Afrique telle qu'on la perçoit en Europe, représentée a l'échelle d'une seule ville. La beauté sauvage des paysages, l'opulente richesse des uns contrastant avec l'extrême pauvreté de beaucoup d'autres.
L'héritage colonial et la présence de nombreux portugais ne doit bien évidemment pas y être pour rien, mais on peut trouver dans cette petite ville tout ce dont on peut imaginer avoir besoin, supermarchés, magasins de fringues, boulangeries, pharmacies, bars designs, restaurants, boites de nuits, esthéticiennes, opérateurs de téléphonie ou d'internet ...

L'Afrique que je découvre ne vit pas avec 10 ans de retard, elle a bel et bien sauté dans le train en route, encore faut-il voir à quel prix... Le prix exorbitant de la vie ici, il faut vraiment que j'en parle la prochaine fois !


En espérant vous avoir mis quelques belles images en tête, ate logo amigos !




Lobito dans les années 50...




La même place 60 ans plus tard !











vendredi 21 septembre 2012

Lorsque le destin prend une trajectoire inattendue...

Un matin de juillet, je remontais en courant le petit escalier étroit de mon studio Nantais une lettre a la main. Je l'ouvrais fébrilement avant d'exulter : devant moi, noir sur blanc le mot ADMISE me sautait aux yeux. Je l'avais décroché cette place en master 2. 30 reçus pour plus de 300 candidature parait-il. A moi l'étude du phénomène criminel dans l'ambiance électrique de Sao Paulo. 
J'y étais déjà, au Brésil ! 
NOUS y étions. Parce que ce projet c'était avec lui, ou rien. 
Un petit Erasmus pépère à Barcelone ou à Rome, je ne dis pas. Citoyens privilégiés que nous sommes d'une union européenne certes plongée dans la crise, mais où il fait toujours bon vivre. 
Mais le Brésil, dans une ville de 22 millions d'habitants avec un taux de criminalité qui te relègue nos banlieues les plus chaudes au rang de stations balnéaires pour retraités ; qui plus-est sans parler la langue, je dis non, merci. Pas sans lui. 
Je dirais même plus quoi qu'il en soit : pas sans lui tout court. 

Nous étions donc partis avec comme plan en tête, un été de voyages et de fête à travers l'Europe, un séjour en Angola puis le départ pour le Brésil.
C'est ainsi qu'après un mois de boboitude totale, roulant en BMW mais dormant gratuitement chez de généreux couchsurfeurs à travers la France, et terminant en beauté par une semaine de vagabondage à travers les plus belles villes d'Espagne, nous arrivions au Portugal. 
En ce début de soirée le soleil était déjà bas dans le ciel et une douce lumiere rouge inondait le gazon vert éclatant de leur maison de vacances au sud de Lisbonne.
Au programme, cinq jours de repos avant le départ pour l'Afrique.
 Il était heureux de revoir sa mère, venue passer quelque jours en Europe, ses petits neveux, et toute sa famille réunie. Sa cousine; tout sourire me glissait à l'oreille qu'une provision de toutes sortes de jus, fruits frais et d'alcools nous attendaient pour fêter dignement notre arrivée. 
Un de ses petits neveux jouait sur mes genoux, il gazouillait en portugais et je lui répondais  "sim sim" sans comprendre un seul mot de son babillage. 
Soudain, des grands cris. Un coup de téléphone, un électrochoc. Une nouvelle comme raz de marée si violent qu'il emporte tout sur son passage. C'est fou comme en l'espace de quelques secondes les rires peuvent laisser la place aux larmes. "...foi assassinado..."ça, j'ai compris immédiatement. Tout le monde s'écroule. Chut.

Une nuit blanche, un vol pour Luanda en catastrophe dès le lendemain. Y aller au plus vite, comprendre, voir... Tout au long des 7h de vol, j'ai serré sa main jusqu'à l'écraser, comme pour le retenir de chuter. 

C'était il y a un mois a peine.

C'est ainsi que mon destin, lié au sien, a changé. Il parait que l'on devient adulte lorsque l'on se retrouver confronté à des choix qui peuvent influencer le reste de votre vie... j'ai du prendre un coup de vieux.
 J'avais le choix; oui. J'ai choisi de rester avec lui, par amour. Pardonnez la banalité de mon argument mais rien n'est moins original que l'amour ! 
Cela dit, comme argument pour changer vie l'amour est le genre de chose qui à notre époque désabusée me fait peut-être passer pour une folle inconséquente. 
Pour rassurer les personnes hautement inquiètes pour mon avenir, je n'abandonne pas mes études. Je passerai bien mon mémoire de MII cette année, et je vais travailler en tant que juriste française ici.

Mon rêve brésilien est compromis, c'est vrai que c'est dommage, que le Brésil est l'avenir du monde, que la-bas tout commence alors qu'en Europe tout s'éteint, Mais je ne sens aucun regret, la vie en Afrique se révèle également passionnante. Chaque jour, je m'émerveille ou je m'indigne. Toutes ces découvertes, aux antipodes de ma vie en France, j'aimerai les partager ici...


A très bientôt pour le premier article !