Moi, la petite blanche, venue de si loin pour
découvrir l’Afrique, qu’en-ai je vu au fond ?
Qu’ai-je réellement découvert sans le
soumettre au prisme de mes convictions ?
J’ai jugé, conseillé, mille fois je me suis
indignée contre l’injustice, la corruption, l’incivilité, la pauvreté,
l’ignorance. Cette indignation n’est pas occidentale, elle est humaine, elle
puise sa source dans les droits inhérents à la personne humaine.
Je repars bientôt, sans avoir percé le moindre
secret de Mama Africa. Sans pouvoir dire que j’ai senti les vibrations de cette
terre ni l’âme de son peuple.
En Angola, l’histoire semble avoir commencé il
y a 30 ans à peine. Je n’ai pas découvert de cultures, de tribus, de chants
traditionnels, de croyances ancestrales. Est-ce le fruit d’une colonisation
brutale ? De la guerre civile ? Est-ce l’issue inévitable de la
course effrénée de l’Afrique vers la mondialisation ?
Je repars bientôt sans parvenir alléger mon
cœur d’un poids, d’une pointe d’amertume. Cette même amertume qui s’emparait de
moi devant un paysage naturel superbe mais gâché par des montagnes de détritus.
Celle là encore qui s’est accumulée au cours des mois de frustrations
quotidiennes, blessantes, inextricables. J’ai parfois ressenti de l’agressivité
et du racisme, plus généralement une simple mais claire ignorance. Je ne leur
en veux pas le moins du monde, je ne ressens qu’un peu de tristesse pour eux.
Ce peuple privé de liberté de manifester, de liberté de presse est un peuple manipulé,
à qui l’on cache tout, désinforme et ment. Un étau de pensée si étroit qu’il
ne laisse aucune place au libre arbitre ou à la rébellion, sublime quand elle est fondée. Entre un gouvernement
tyrannique et une religion catho omniprésente, peu de place pour le développement d'une conscience sociale.
Je voulais aider, mes paroles se sont heurtées
à des murs.
Je voulais admirer, je n’ai pas su me départir
d’un regard trop sévère.
Moi, la petite blanche, je n’ai rien appris,
ou si peu.
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