jeudi 10 octobre 2013

Broken African Dream



Moi, la petite blanche, venue de si loin pour découvrir l’Afrique, qu’en-ai je vu au fond ?

Qu’ai-je réellement découvert sans le soumettre au prisme de mes convictions ?
J’ai jugé, conseillé, mille fois je me suis indignée contre l’injustice, la corruption, l’incivilité, la pauvreté, l’ignorance. Cette indignation n’est pas occidentale, elle est humaine, elle puise sa source dans les droits inhérents à la personne humaine.
Je repars bientôt, sans avoir percé le moindre secret de Mama Africa. Sans pouvoir dire que j’ai senti les vibrations de cette terre ni l’âme de son peuple.
En Angola, l’histoire semble avoir commencé il y a 30 ans à peine. Je n’ai pas découvert de cultures, de tribus, de chants traditionnels, de croyances ancestrales. Est-ce le fruit d’une colonisation brutale ? De la guerre civile ? Est-ce l’issue inévitable de la course effrénée de l’Afrique vers la mondialisation ?
Je repars bientôt sans parvenir alléger mon cœur d’un poids, d’une pointe d’amertume. Cette même amertume qui s’emparait de moi devant un paysage naturel superbe mais gâché par des montagnes de détritus. Celle là encore qui s’est accumulée au cours des mois de frustrations quotidiennes, blessantes, inextricables. J’ai parfois ressenti de l’agressivité et du racisme, plus généralement une simple mais claire ignorance. Je ne leur en veux pas le moins du monde, je ne ressens qu’un peu de tristesse pour eux. Ce peuple privé de liberté de manifester, de liberté de presse est un peuple manipulé, à qui l’on cache tout, désinforme et ment. Un étau de pensée si étroit qu’il ne laisse aucune place au libre arbitre ou à la rébellion, sublime quand elle est fondée. Entre un gouvernement tyrannique et une religion catho omniprésente, peu de place pour le développement d'une conscience sociale.
Je voulais aider, mes paroles se sont heurtées à des murs.
Je voulais admirer, je n’ai pas su me départir d’un regard trop sévère.

Moi, la petite blanche, je n’ai rien appris, ou si peu. 


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